La loi Élan portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique rebat les cartes du rapport bailleur-locataire.
Parmi les très nombreuses dispositions de la loi ELAN, plusieurs impactent les baux d’habitation soumis à la loi du 6 juillet 1989. Le Conseil Constitutionnel a rendu sa décision le 15 novembre 2018. Si l’on excepte le bail mobilité, voici une sélection (non exhaustive) des nouveautés à venir.
La loi Alur de mars 2014 envisageait une ambitieuse Garantie universelle des loyers. Elle est définitivement supprimée, par la loi Élan, avant même d’avoir vu le jour. L’article 24-2 de la loi du 6 juillet 1989, qui la créait, est abrogé, ainsi que les textes qui se référaient à ce dispositif.
L’action de groupe en location
La loi ELAN étend l’action de groupe, qui peut être menée par une association de consommateurs pour obtenir réparation des préjudices individuels de consommateurs placés dans des circonstances similaires, à la suite du manquement d’un professionnel. Elle pourra être introduite dans le cadre de la location d’un bien immobilier. Elle concerne jusqu’alors la vente d’un bien et les prestations de service.
La colocation
Lorsque la colocation est formalisée par la conclusion de plusieurs contrats entre les locataires et le bailleur, la dimension de la partie privative de chacun des locataires est réduite. Elle est à ce jour de 14 m2 et de 33 m3. La loi Elan dispose que la surface et le volume habitables des locaux privatifs doivent être au moins égaux, respectivement, à 9 m2 et à 20 m3. Elle prévoit également qu’il est tenu compte de l’ensemble des éléments, équipements et pièces du logement pour déterminer si un logement est décent et ne laisse pas apparaître de risques manifestes pouvant porter atteinte à la sécurité physique ou à la santé des locataires.
Numérisation du bail
La loi Élan permet l’utilisation des moyens numériques de communication pour la transmission de certaines annexes au bail. Il sera en effet possible de communiquer au locataire, par voie dématérialisée :
Le dossier de diagnostic technique, et, lorsque le logement est soumis au statut de la copropriété, les extraits du règlement de copropriété concernant la destination de l’immeuble, la jouissance et l’usage des parties privatives et communes, et précisant la quote-part afférente au lot loué dans chacune des catégories de charges.
Cependant, si l’une des parties au bail s’oppose explicitement à ce mode de communication, il sera nécessaire de les annexer au bail. Au-delà, le gouvernement est habilité à prendre, par voie d’ordonnance, un certain nombre de mesures permettant l’établissement du bail à l’aide d’outils numériques.
La loi Élan supprime l’obligation, pour la personne qui se porte caution, de reproduire, de façon manuscrite, un certain nombre d’informations, qui devront cependant être contenues dans l’engagement de caution. Ainsi, l’acte de cautionnement devra faire apparaître le montant du loyer et les conditions de sa révision tels qu’ils figurent au contrat de location, complétés par la mention exprimant de façon explicite et non équivoque la connaissance que la caution a de la nature et de l’étendue de l’obligation qu’elle contracte, et accompagnés de la reproduction de l’avant-dernier alinéa de l’article 22-1, de la loi du 6 juillet 1989.
La procédure applicable
L’encadrement des loyers par arrêté préfectoral est repris par la loi Élan. La réglementation est calquée sur celle qui était contenue dans la loi Alur, et qui a été mise en oeuvre à Paris et Lille, et annulée par les tribunaux. Cependant, elle n’est plus incluse dans la loi du 6 juillet 1989. Elle est présentée comme expérimentale, pour une durée de cinq ans.
En application de ce nouveau texte, dans les zones tendues, la demande d’un dispositif d’encadrement peut être effectuée par :